Despite the bans, pro-Palestinian gatherings in Paris and some cities in France

Rassemblement propalestinien, place de la République à Paris, le 12 octobre 2023 en soirée. SARAH MEYSSONNIER / REUTERS

L’interdiction de la manifestation n’a pas rebuté les participants. Ils étaient environ 3 000 selon la Préfecture de police de Paris à se rassembler sur la place de la République, jeudi 12 octobre en début de soirée, en pleine réplique militaire d’Israël sur la bande de Gaza, d’où est partie, samedi, une attaque surprise et sanglante du Hamas sur le sol israélien.

La foule est composite. Il y a d’abord de nombreux étudiants, membres de mouvements d’extrême gauche sous les drapeaux de Révolution permanente. Des jeunes femmes portent des bandeaux composés du drapeau palestinien autour de la tête ou dans les cheveux. Tout le monde filme en direct sur les réseaux sociaux ceux qui escaladent la statue. Des drapeaux palestiniens, égyptiens, algériens et iraniens sont brandis, des fumigènes sont craqués, puis le slogan « Free Palestine » est tagué en lettres capitales sur le marbre blanc, sous les acclamations des participants.

Quelques mortiers percent le ciel, au son de « Israël assassin, Macron complice » puis « Palestine vaincra ». A leurs côtés, des militants plus âgés, combattants récurrents de la cause palestinienne, distribuent des tracts. Au bout d’une heure, les manifestants tancent les nombreux cars de CRS et de gendarmes rassemblés. Le canon à eau disperse la foule qui s’échappe par la seule sortie offerte par la police, continuant à crier leurs slogans dans les rues du 11e arrondissement. Au total, vingt-quatre verbalisations et dix interpellations ont été effectuées, selon les chiffres de la Préfecture de police.

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Interdiction maintenue par le tribunal administratif de Paris

Jeudi, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a ordonné l’interdiction systématique des « manifestations propalestiniennes, parce qu’elles sont susceptibles de générer des troubles à l’ordre public », dans un télégramme adressé jeudi aux préfets. Le ministère a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) que « les organisateurs » de ces manifestations et « les fauteurs de troubles » seraient interpellés.

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Le préfet de police Laurent Nuñez avait interdit mardi le rassemblement parisien, prévoyant qu’il serait « le théâtre d’attitudes, de propos et de gestes, principalement à caractère antijuif, incitant à la haine raciale et faisant l’apologie des attaques terroristes perpétrées ces derniers jours au Moyen-Orient ».

Saisi en urgence par plusieurs associations, le tribunal administratif de Paris a décidé jeudi après-midi de maintenir cette interdiction. Quelques jours après l’offensive du Hamas sur Israël, le juge des référés a invoqué un contexte d’une « extrême violence » et des « risques avérés de l’exportation de cette violence (…) sur le sol national » au regard, notamment, du « regain d’actes antisémites » depuis cette attaque.

Les présidents de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité), Bertrand Heilbronn, et de la FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives), Mohammed Ben Saïd, ont indiqué à l’AFP qu’ils ne maintenaient pas l’appel à manifester jeudi soir. Pour sa part, la dirigeante de la CAPJPO-Europalestine, Olivia Zemor, a dit à l’AFP son intention de « laisser les gens » manifester « s’ils ont envie de le faire ».

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Dix interpellations à Lille

D’autres rassemblements également interdits ont eu lieu, jeudi, dans le centre de Rennes, réunissant une cinquantaine de manifestants, selon une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP), mais aussi à Lille, où il y a eu dix interpellations pour « rébellion » et « refus de se disperser », a fait savoir la préfecture. A Toulouse, malgré l’interdiction et l’annulation par les organisateurs de la manifestation propalestinienne, une centaine de personnes se sont rassemblées, avant d’être dispersées par des gendarmes mobiles à l’aide de gaz lacrymogènes, selon un photographe de l’AFP.

Des manifestants courent pour échapper aux gaz lacrymogènes lors d’une manifestation non autorisée de soutien aux Palestiniens à Toulouse, le 12 octobre 2023. CHARLY TRIBALLEAU / AFP

A Bordeaux, ils étaient une centaine à répondre à l’appel du Collectif girondin pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, ont aussi constaté des journalistes de l’AFP. Contrairement à celui organisé la veille dans la même ville, ce rassemblement n’était pas interdit par la préfecture.

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Mercredi soir, des rassemblements propalestiniens s’étaient déjà tenus à Nantes, Nîmes et Toulouse, malgré des interdictions préfectorales prises faute de déclaration préalable ainsi que pour des motifs de sécurité publique. Jeudi, le préfet de l’Hérault a interdit deux autres manifestations, prévues vendredi à Béziers et samedi à Montpellier.

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Lorraine de Foucher (avec AFP)

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